samedi 19 février 2011

Contribution d'Antonio Negri et Nicolas Guilhot pour la séance du 9 février

Un premier problème qu’il convient de soumettre à la discussion consiste à déterminer s’il est possible de repousser les limites du droit public (occidental, dans sa version romaine ou dans celle de la common law) afin qu’il puisse préfigurer un dispositif produisant un tertium genus (le commun, le droit du commun) et se soustraire ainsi non seulement à la “chosité” privée et publique, mais aussi au “formalisme” antagonique propre au jeu de la procédure et du procès (qu’il s’agisse du droit occidental ou de la common law).

Dans la tradition du droit romain, les exigences de l’individu (propriétaire) son prises à l’intérieur des relations conflictuelles (à somme nulle, puisque la raison s’oppose au tort juridique) qu’il entretient avec sa contrepartie dans le cadre du procès. La pratique juridique et la jurisprudence ne cessent de reprendre ce dualisme qui, dans la genèse du système capitaliste, revêt inéluctablement le sens d’une constitution de la propriété et reflète sa force fondatrice et omnilatérale.

vendredi 28 janvier 2011

Enregistrements de la séance : «Communauté et association»

Les enregistrements de la troisième séance intitulée « Communauté et association » du séminaire « Du public au commun » faits mercredi 19 janvier, 2011 à la Maison des Sciences Économiques, Paris.

L'intervention de Christian Laval (1:19:10)
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Le premier round de discussion (22:56)
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Le deuxième round de discussion (7:58)
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samedi 15 janvier 2011

Contribution de Pierre Dardot et Christian Laval pour la séance du 19 janvier

Communauté et association


Sous ce titre[1], nous nous proposons d’esquisser la généalogie d’une dualité, qui prit parfois tant historiquement que théoriquement la forme d’une opposition, à savoir celle du « communisme » et du « socialisme », et ce bien avant les fixations sémantiques qui se sont imposées au cours du XXe siècle et qui ont fini par nous devenir tellement familières que nous ne songeons guère à remonter en deçà pour questionner leur évidence. La thèse que nous soutenons est que cette dualité procède en dernière analyse de la dualité entre communauté et association. Or la constitution de cette dernière dualité ne va nullement de soi, en premier lieu sur le plan philosophique. Deux brèves indications suffiront à le faire entendre. Première indication, la critique de Platon faite par Aristote dans le Livre II des Politiques (chapitres 2 à 7 notamment) est entièrement commandée par une question : jusqu’où doit aller l’unité qui est requise par toute communauté politique ? Faut-il aller jusqu’à la communauté des biens comme le préconise Platon dans La République ? Pour Aristote ce serait là un excès d’unification qui aboutirait à la négation de toute forme de multiplicité et, de ce fait, à la ruine de la communauté politique elle-même. Mais cette critique est intérieure à l’exigence de la vie politique comme vie dans la communauté, elle ne convoque jamais l’idée d’association comme alternative possible à la communauté. Seconde indication : Rousseau oppose dans Du Contrat social l’« agrégation » à l’« association » pour mieux penser le contrat social comme un « acte d’association » et le corps politique qui résulte de cet acte à la fois comme une « association » et comme une « communauté » : comme une « association » en ce que la liberté et l’égalité de chaque associé sont préservées, comme une « communauté » en ce que l’acte d’association donne naissance à un « moi commun » qui réalise une unité supérieure irréductible à la simple somme des individus entrant dans l’association.