Produire de la subjectivité, produire du commun
Trois difficultés et un post-scriptum un peu long sur ce que le commun n’est pas
par Judith Revel
Il y a, dans le tournant que nous affrontons aujourd’hui – une réinvention, un réinvestissement radical de la grammaire politique moderne – des questions qui reviennent en permanence. L’une d’entre elle - qui concerne le commun dès lors qu’on entend celui-ci non pas comme un « fond commun » naturel, comme un « bien commun » assuré par le droit positif ou comme un « plus petit dénominateur commun » assurant les hommes de leur co-appartenance au genre humain, mais au contraire comme le résultat d’une construction commune, d’une production commune - est en réalité en bonne partie déjà comprise dans ce que nous avons commencé à appeler il y a quelques années la « multitude ».
Sur « ce que le commun n’est pas », et sur ce qu’il pourrait ou devrait être, dans le droit fil des analyses proposées par Pierre Dardot lors de la première séance de ce séminaire, je renvoie, à la fin de ce petit texte, à un post-scriptum en forme de prolongement de discussion.
Pour ce qui est en revanche de la difficulté que nous posent de la même manière, je crois, le concept de multitude (du côté des subjectivités) et celui du commun (du côté de ce que construisent ensemble les multitudes), je voudrais procéder par points sommaires.