dimanche 19 décembre 2010

Enregistrement de la séance : «Le commun comme processus de subjectivation»

Les enregistrements de la deuxième séance intitulée « Le commun comme processus de subjectivation » du séminaire « Du public au commun » faits mercredi 15 décembre, 2010 à la Maison des Sciences Économiques, Paris.

L'intervention de Judith Revel (32:15)
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L'intervention de Franck Poupeau (30:22)
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Le premier round de discussion (21:49)
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Le deuxième round de discussion (22:21)
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dimanche 12 décembre 2010

Contribution pour la séance du 15 décembre de Judith Revel

Produire de la subjectivité, produire du commun
Trois difficultés et un post-scriptum un peu long sur ce que le commun n’est pas

par Judith Revel


Il y a, dans le tournant que nous affrontons aujourd’hui – une réinvention, un réinvestissement radical de la grammaire politique moderne – des questions qui reviennent en permanence. L’une d’entre elle - qui concerne le commun dès lors qu’on entend celui-ci non pas comme un « fond commun » naturel, comme un « bien commun » assuré par le droit positif ou comme un « plus petit dénominateur commun » assurant les hommes de leur co-appartenance au genre humain, mais au contraire comme le résultat d’une construction commune, d’une production commune - est en réalité en bonne partie déjà comprise dans ce que nous avons commencé à appeler il y a quelques années la « multitude ».
Sur « ce que le commun n’est pas », et sur ce qu’il pourrait ou devrait être, dans le droit fil des analyses proposées par Pierre Dardot lors de la première séance de ce séminaire, je renvoie, à la fin de ce petit texte, à un post-scriptum en forme de prolongement de discussion.
Pour ce qui est en revanche de la difficulté que nous posent de la même manière, je crois, le concept de multitude (du côté des subjectivités) et celui du commun (du côté de ce que construisent ensemble les multitudes), je voudrais procéder par points sommaires.

jeudi 9 décembre 2010

Contribution pour la séance du 15 décembre de Franck Poupeau

La Bolivie et le paradoxe des « communs »
Sept thèses commentées sur le processus de transformation politique actuel

par Franck Poupeau


1-Les mouvements sociaux boliviens pour la réappropriation des ressources naturelles et des services urbains (eau, gaz) ne correspondent pas aux processus et normes de « gouvernance des communs » qui passeraient par des « compromis » entre « acteurs locaux » : ils se sont construits dans la conflictualité, en dehors des sphères institutionnelles.
Commentaire – La « tragédie des communs » a été contestée par des études mettant en évidence les capacités de négociation au niveau local afin de trouver des solutions de « compromis » aux conflits liés à la rareté de ressources comme l’eau (Elinor Ostrom par exemple, mais aussi une grande partie de la production académique ou militante). En Bolivie cependant, la gestion des « communs », à savoir des ressources naturelles et de leur distribution sous forme de services de base, ne constitue ni une tragédie inéluctable ni une situation de négociation : dans un pays doté de ressources hydriques abondantes, la captation inégale de ces ressources, et donc le problème politique de leur partage, a suscité des mouvements sociaux qui se sont d’emblée situés, au delà des enjeux locaux, dans la contestation des normes de la globalisation capitaliste contemporaine. La transformation politique en cours peut ainsi être analysé comme une tentative pour lier la régulation des « communs » à la production d’un « commun », désignant un ensemble de pratiques sociales et de processus collectifs de subjectivation porteurs d’une autre forme de communauté politique.